Les voitures électriques ne sont pas que vertes

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La fabrication des batteries émet beaucoup de CO2 et dans les pays où le charbon est roi, l’électricité utilisée reste polluante.

Contraints et forcés, les constructeurs automobiles sont priés de prendre à toute vitesse le virage de l’électrique. L’objectif, non contestable, est de réduire les émissions polluantes et de lutter contre le réchauffement climatique.

En privé, les dirigeants du secteur affichent néanmoins des doutes sur les vertus écologiques affichées actuellement par les motorisations électriques. « Sur l’ensemble de son cycle de vie, la consommation énergétique d’un véhicule électrique est globalement proche de celle d’un véhicule diesel », soulignait une étude réalisée en 2016 par l’Ademe, qui ne peut guère être soupçonnée de rouler pour le lobby automobile. Selon elle, « les coûts et les impacts du véhicule électrique se trouvent majoritairement à la fabrication, alors que ceux du véhicule thermique se trouvent majoritairement à l’usage ».


Une analyse « du puits à la roue »


Il faut tenir compte, en effet, de l’importante quantité d’énergie nécessaire pour la fabrication des batteries, en Chine, où le charbon est roi, ainsi que pour l’extraction des métaux utilisés (lithium, cobalt, nickel…), dans des conditions d’ailleurs souvent douteuses. Il faut aussi calculer les émissions de CO2 du véhicule, en intégrant celles des centrales de production électrique. C’est ce que l’on appelle l’analyse « du puits à la roue ».
e bilan n’est évidemment pas le même suivant les pays. Grâce au nucléaire, la France a une électricité parmi les plus décarbonées d’Europe (53 g CO2 par kWh). Ce n’est pas le cas de l’Allemagne (420 g CO2 par kWh), à cause du charbon qui représente encore 28 % de la production électrique.


Produire plus propre


Bonne nouvelle, cette situation devrait s’améliorer, à mesure que la part des énergies fossiles reculera dans la production d’électricité et que les renouvelables progresseront. L’essor attendu de la voiture électrique devrait aussi initier un cercle vertueux. En parcourant plus de 40 000 kilomètres durant son cycle de vie (un cas qui sera de plus en plus fréquent), elle affichera une meilleure empreinte environnementale qu’une voiture thermique, souligne une étude de RTE.
Selon le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, la fabrication des batteries en Europe devrait également « améliorer significativement » leur bilan carbone.

Jean-Claude Bourbon,
le 14/06/2020

origine : https://www.la-croix.com/Economie/Economie-et-entreprises/voitures-electriques-sont-pas-vertes-2020-06-14-1201099647